réédition suite aux opérations "nettoyage" du site
Oui,
Improbable escapade pascale dans la laitance grisonnante d’un ciel qui n’augurait pas de grands espoirs pour cette froide journée balayée par un vent d'Est quelque peu revigorant. Brume au sol, étage moyen parsemé de balbutiants cumulus que l'inconsistants et la tendance à s’étaler rendaient peu attrayants, et puis au-dessus, des cirrus qui veillaient à ce que les rayons du soleil ne viennent surtout pas perturber ce fragile équilibre, cette mixture un tantinet insipide…
Mais, en arrivant – un peu tard – je vois au dessus de la piste une aile taquinant le plafond ; bigre l’emmagramme aurait-il donc raison ?
Baptiste nous narguant là haut, Hubert préparant son aile en bas et Jaques m’attendant pour le treuillé, j’espère, de façon tout à fait égoïste, que le second prétendant ne suivra pas l’exemple du premier. Bon, du calme, il s’agit d’envoyer en douceur notre camarade vers les limbes tant convoitées… Ouf, Hubert n’a pas cru bon de s’entêter sur les quelques trop rares bulles rachitiques. En attendant, Baptiste à disparu dans le blanc là haut, et les appels radio de Jaques et des réponses grésillantes incompréhensibles nous portent à croire que ça tient … Je me prépare avec l’idée que je devrais avoir une petite chance…
Hop c’est parti ! Ça tenouille, je m’accroche délicatement à ces fragiles ficelles évanescentes. Mais ça monte doucement; patience et longueur de temps font plus que force ni que rage, disait-il… Soit, il en faut pour enrouler du 0.2, 0.5… Ouhlà : +1 ! Doucement, surtout ne pas s'enflammer, pas de geste brusque au risque d'effrayer et de faire disparaître ce qui aurait tendance à se faire passer pour un thermique:… La terre s’estompe peu à peu, est-elle en train de sombrer ?
Autour ça devient gris: je m'approche du plafond ? Et puis du bleu apparaît au dessus entre des bancs de cirrus. Sur les cotés la couche grise devient plus nette et je commence à en voir le dessus ! Crever le plaf, même brièvement, est assez jouissif ! Bon, puisque ça à l’air de tenir, laissons nous porter, cette fois-ci visi ou pas, nuages et TMA Nantes, même pas peur, j’ai l’ordinateur de bord, j’enroule les yeux fermes. Oui je sais, au dessus passent des gros bus qui freinent assez mal, et les multiples alarmes se déclenchent pour m'avertir de la proximité de leur plancher..., ça tient compagnie, il ne manque plus que la voix d’une hôtesse de l’aire qui me fasse gentiment observer que je me rapproche espace réservé et que ma présence en ces lieux n’est pas recommandée. On peut toujours rêver... et l'autre qui dit que les femmes ça ne se trouvent pas sous les cumulus !
C’est bien joli tout ça , mais je commence à me les cailler (les doigts s’entend, parce que le bas est bien au chaud dans le cocon – et oui ça ne sert pas qu’a faire joli ou augmenter les performances). Et puis l’heure tourne, ce n’était pas prévu, et j’ai rencart à La Rochelle…. Allez, une belle route en dessous et un terrain de foot avec une cible au milieu, j’envoie quelques wings et me pose face à une grande pancarte : « Bienvenu à La Boissière Des Landes" Sympa ! Quelques autochtones dont la curieuse pratique consiste à donner des coups de pieds dans un malheureux ballon, osent quand même me demander d’où je viens...
Et puis récupe expresse de Pascal qui, en me laissant un message sur le portable me proposant de venir me chercher, ne se doutait peut être pas qu'on puisse s’agripper aussi longtemps en l'air dans ces conditions. Bon, 30 bornes ça n’a rien de folichon, mais les faire dans la grisaille post hivernale donne à ce vole une saveur toute particulière.
Mathis
Et voici quelques images...
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