J’avais hésité à déplier mon aile parce que le vent de Nord-Est était un peu fort pour moi. Et puis les prestations des copains, comme Pascal G, m’ont rasséréné. Donc voilà Baptiste qui lève le bras pour signifier que ça peut démarrer. C’est là que je vois au bout de son bras un bon gros nuage étiré juste dans l’axe du treuillé (excusez-moi pour moi le treuillé est un garçon). Je me suis dit : « celui-là il est pour moi » Donc pas question de largage pendant le treuillage, on va aller au plus profond et au plus près de la base de cette bombe thermique. Largage à 480 m. Ça donne le temps de réfléchir et d’essayer plusieurs options. Là le centre du nuage situé au-dessus du cimetière de Ste Juire ne donne rien. Alors plan B : le bord au soleil du nuage : bingo ça prend, pas fort mais en dérive ça tient jusqu’à la rivière. Là c’est mou à 400 m : pile je rentre, face j’insiste. C’est face. Ca dérive en zérotant. Je calcule la marche à pied pour le retour. Et puis ça monte : 11000 m au-dessus de St Jean, 1600 au-dessus de Ste Gemme. Du thermique teigneux, qui monte pas fort mais qui le fait payer cher en sueurs froides. En enroulant du 0- je me retrouve en point bas à l’entrée de Luçon. Pourtant j’ai bien envie de pousser jusqu’à la base de loisir, mais traverser la ville si bas, ça craint. Voilà un petit +1 bien régulier, fiable avec la dérive qui va bien. Je prends. Je sors de Luçon à 800 m. Je suis bon pour les guiffettes. Je longe le lac en zérotant à 500 m, je vise triaize. Ben non ça repart : 1600 m au-dessus de Triaize. De là je vois la mer et je me souviens que j’ai oublié mon maillot de bain, ça limite mes prétentions. J’arrive finalement à l’estuaire de la Vie à 1400 m. Je traverse au-dessus de la pointe de la Faute. Il y a partout des sollicitations thermiques venant de nuages petits mais généreux. En fait la masse d’air chaud terrestre percute l’air marin froid et monte dessus. J’ai déjà choisi mon attero depuis lurette : au bord de la Dive, un champ de blé avec une moissonneuse en action qui dégage un nuage de poussière en forme de manche à air. Et au moins je sais où c’est coupé et où il ne faut pas aller. Tous les champs alentour sont en culture. Donc je yoyotte un peu entre 800 et 1100 m puis je renonce énergiquement aux sollicitations pour entrer en zone de descente. Je me pose à côté de la remorque à blé. Bonjour monsieur, bonjour madame, je viens de Ste Hermine, non je n’ai pas de moteur, et patati et patata. J’étais déjà venu voler sur ce site magnifique en paramoteur (la même aile, mais sans Baptiste au déco) mais ce n’est pas la même chose. J’aurais pu me poser sur le sable de la plage, mais ce n’est plus de mon âge.